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Réponse à l'Educateur

 

Dans le dernier « Educateur » (Journal du Syndicat des enseignant-e-s romand-e-s), Jacques Daniélou, Président de la SPV, a signé l’article ci-dessous (Votation du 4 septembre, Prisonnière de son approche sectaire, la SVMS dit deux fois NON).

Nous avons choisi de répondre sur le fond et de ne pas nous perdre en vaine polémique sur les termes inutilement agressifs choisis par l’auteur : sectaire, assemblées générales croupions, hypnose, manque de responsabilité, etc. Ces propos sont graves. Nous ne nous abaisserons pas à y répondre par le même genre d’allusions.

 

La SPV est partisane d’une stratégie politique des petits pas et du compromis. C’est son choix. Il n’est pas dans notre habitude de faire des compromis qui concèdent trop à nos adversaires et la politique des petits pas ne nous semble pas à la mesure des enjeux. Cette position est respectable, elle n’est pas sectaire.

La SPV défend une position politique : NON à Ecole 2010, OUI à la LEO. Nous en défendons une autre, tout aussi politique. Point. alt

Arguer que le gymnase et la formation professionnelle dépendent de lois spécifiques et que nous ne pouvons pas les aborder en même temps que la scolarité obligatoire est un argument de juriste, ou une position qui se plie à l’ordre existant. C’est justement là le problème. L’âge moyen d’entrée en apprentissage est aujourd’hui supérieur à 18 ans. Cela signifie bien que l’enjeu réside dans l’articulation entre l’école obligatoire et ce qui la suit. Sans compter que se généralisent des apprentissages courts, de plus en plus spécialisés, sans perspective de perfectionnement ou de réorientations pour celles et ceux des jeunes qui y accèdent.

On peut donc avoir une voie, deux, deux et demi (LEO), trois, ou plus (Ecole 2010), cela ne résoudra RIEN du sort des élèves à la sortie de l’école obligatoire (hormis ceux de VSB qui accèdent de droit à la voie maturité du gymnase). Il est indispensable de développer des filières après la scolarité obligatoire qui permettent de poursuivre une véritable scolarisation et qui autorisent les jeunes à accéder à un large spectre d’horizons d’études et de métiers. Le Canton de Vaud peut le faire, même dans le cadre juridique actuel, et à condition d’avoir un plan de financement massif de la formation, bien au-delà de ce que prévoit la LEO. Qu’y a-t-il pour la formation dans les 500 mios de francs que le Canton a prévu récemment d’investir ? Pas grand chose.

Les effectifs sont renvoyés au règlement ? La belle affaire. C’est une question de financement (voir ci-dessus). Ils n’ont rien à faire dans la loi ? Ce n’est pas la place des chiffres ? Le Grand Conseil n’a pourtant pas hésité à mettre des chiffres pour la part respective des notes (70%) et des épreuves cantonales (30%) dans la décision d’orientation.

La récupération par l’UDC de notre revendication de 18 élèves par classe ne nous impressionne pas. Nous l’avions formulée avant que Madame Fabienne Despot tienne un discours qui n’a trompé personne quant aux intentions manifestées par son parti de transfomer l’école en camp de redressement et de saccager le statut des enseignant-e-s. Le caporalisme pédagogique n’est pas de chez nous.

Notre propos sur l’autonomie pédagogique et didactique est très raisonnable. Nous avons demandé la transposition des normes sur les files (équipes d’enseignant-e-s d’une même branche) dans les gymnases dans la loi sur l’enseignement obligatoire. Peu de chose. Réponse : rien. Pas un motif. La raison est simple. Dans ce domaine, le département et les directions d’écoles ne veulent rien laisser aux enseignant-e-s. C’est tout. La conférence des maître-e-s sera consultée sur l’utilisation des ressources. Nous l’avons revendiqué. Mais c’est insuffisant.

Quant à la responsabilité devant l’employeur que les collègues refuseraient, elle les rattrape malheureusement encore trop souvent quand elles et ils lâché-e-s (pour ne pas dire maltraîté-e-s) par certaines directions.

La SPV a obtenu la décharge pour maîtrise de classe au primaire. Cette mesure est juste. Mais que dire d’autres revendications sur le statut, toutes renvoyées à de futures négociations (selon les termes du Conseil d’Etat). Pourquoi cette mesure-là a-t-elle été prise en compte, au détriment des autres ? Nous pensons qu’elle est le résultat d’une stratégie du gouvernement destinée à rejeter toute autre amélioration ultérieure des conditions de travail : "Vous avez obtenu cela, pour le reste, vous pouvez toujours courir et boire de l’eau." Le rôle que la SPV joue dans cette stratégie ? C’est à elle de le dire. Nous prenons acte qu’elle affirme n’y être pour rien.

Refuser la LEO n’est pas refuser la décharge pour maîtrise de classe au primaire. Cette amélioration des conditions de travail ne suffit néanmoins pas à faire accepter l’ensemble du texte.

La SPV a défendu les 25 périodes (pas seulement les nôtres, celles de tous les enseignant-e-s qui ont ce statut et nous croyons nous souvenir que certain-e-s sont membres de la SPV - les collègues à 28 périodes sont plus nombreux dans nos rangs que d’aucun-e-s semblent le croire), et attendait un retour sur investissement, qui devrait justement avoir lieu maintenant ? Nous n’aurions jamais défendu le statut des collègues du primaire avant et après les ballons verts ? Quand ?

Et que dire des mauvais accords sur les conditions de travail que la SPV (par l’intermédiaire de la FSF) a signés depuis 10 ans ? Pas de chantage, pas de leçon ! Nous avons toujours défendu et nous défendrons toujours les améliorations des conditions de travail de toutes et tous, mais pas à n’importe quel prix. C’est tout ce qui nous différencie.

Le 4 septembre, votez 2X NON

Gilles Pierrehumbert


Article de l'Educateur