Après le 4 septembre
Le verdict des urnes n’est pas toujours celui qu’on pense. Certes, l’initiative "Ecole 2010" a été battue, nettement. Mais elle a fait un score significatif qui ne doit pas nous faire oublier que, si elle s’est appuyée sur le vote des fractions les plus réactionnaires de la société, elle a aussi probablement réuni des gens et des collègues mécontents et inquiets pour l’école. L’effet de cette défaite est que le groupe des initiants va probablement disparaître de la place publique. Cela laisse le champ libre à l’UDC pour développer sa stratégie politique en matière de formation, nous y reviendrons plus loin. Le Centre patronal va se repositionner quant à lui pour tirer les marrons du feu d’une LEO dont il ne voulait pas, mais qui lui offre une entrée dans l’école obligatoire avec les options "métiers" et probablement des exigences supplémentaires, que le DFJC (c’est notre appréciation) s’empressera de lui concéder.
La LEO a vaincu, mais de justesse. Le triomphalisme des partisans dimanche après-midi était de bonne guerre. Mais il ne faut pas oublier que le double-non, auquel nous étions seuls à appeler, a fait un très bon score, et, nous le pensons, a probablement emporté les suffrages d’une majorité des enseignant-e-s, dans le secondaire en tout cas.
Nous disons très fermement que l’école ne saurait s’arrêter à la LEO. Il convient dès aujourd’hui de soutenir et porter une politique ambitieuse de formation comme part essentielle du progrès social et de la culture pour tous.
Cela implique notamment la mise en oeuvre de politique financière qui vont très largement au-delà de l’augmentation ridicule que prévoit la LEO (2.5%, pour le seul enseignement primaire d’ailleurs), pour l’investissement dans les infrastructures et le personnel de l’enseignement.
Il faudra aussi lutter pied à pied pour la culture et le savoir pour tous, quelle que soient les filières (professionnelles ou générales). Un vaste mouvement se dresse en face de nous. Il va de l’UDC jusqu’aux autorités en place, en passant par le Centre patronal. Il est le résultat d’intentions et de stratégies différentes, mais il conduit finalement au même point.
L’UDC méprise l’école, les élèves et les enseignant-e-s. Elle n’aime pas le savoir, ni ses ambassadeurs. Elle ne se cache pas d’utiliser le terrain de la formation, comme d’autres, pour "rythmer ses campagnes électorales". Son projet pour l’école n’en est pas moins très concret : les connaissances larges réservées à une élite restreinte ; pour les autres : le minimum vital (le socle) nécessaire à des formations professionnelles réduites, et à la constitution d’une main d’oeuvre bon marché. C’est aussi le voeu du Centre patronal.
L’Etat affirme vouloir une école "exigeante et efficace". L’exigence, c’est l’ordre (des élèves disciplinés, ou à défaut sanctionnés), mais ce n’est pas le développement du savoir et de la culture pour tous. L’efficacité, c’est l’investissement minimum dans le système (pas en proportion des dépenses publiques, mais rapporté à la richesse nationale et aux besoins sociaux).
Il en découle qu’au fond, à quelques divergences près, l’effet de la politique publique "LEO" et les aspirations de la droite conservatrice et patronale pourraient se rejoindre dans un esprit de malthusianisme culturel, au meilleur profit de "l’employabilité".
Contre cela, nous nous battrons : pour une meilleure école pour tous, pour des savoirs et de la culture pour tous, pour des pédagogies adaptées, pour des effectifs de classes bas (pas plus de 18 élèves par classe), pour une autonomie des équipes enseignantes, pour le développement massif du financement public, pour les écoles de métiers, pour l’accroissement du nombre de détenteurs de maturités (générales et professionnelles), et pour l’amélioration de nos conditions de travail.