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Pour l’école professionnelle publique

Position du Syndicat vaudois des maître-sse-s de l’enseignement professionnel

 

 

Nos collègues du SVMEP-SUD publient ce texte pour clarifier la position de nos organisation à l’approche de l’initiative de l’UDC sur la formation professionnelle.

1. Nous refusons l’apartheid scolaire et culturel qui dénie à une fraction importante de la jeunesse une formation aux grands savoirs. Le droit à une formation intellectuelle et à une culture générale doit être reconnu à chacun et chacune et porté par une école qui forme jusqu’à 18 ans, permettant l’acquisition des notions centrales de notre culture générale, y compris dans ses champs polytechniques. Naturellement, une telle formation peut se combiner avec l’apprentissage d’un métier, avec un enseignement renforcé de culture générale ou des études de Maturité Professsionnelle (MP).

2. Le droit à une formation professionnelle qualifiante ne saurait dépendre de la conjoncture du marché du travail. Les pouvoirs publics doivent garantir aux jeunes gens une formation professionnelle qualifiante, permettant d’obtenir un CFC et donnant aux futurs travailleurs qualifiés la pleine capacité de se maintenir, à partir de cette certification initiale, à la hauteur de l’évolution technique. La qualification comme l’organisation du travail ou la technique ne sont pas des choses neutres mais l’enjeu de mobilisations culturelles, sociales et politiques, voire symboliques. Nous luttons pour que le métier soit un droit et pour que l’acquisition du métier mette chaque salarié dans les conditions les plus favorables possibles pour accéder à un emploi, à un statut et à un revenu convenables sur le marché du travail.

3. Nous sommes pour une école publique professionnelle forte prenant en charge une partie décisive de la formation et de la qualification. C’est la seule garantie pour maintenir les métiers à hauteur de l’évolution des sciences, des techniques et de l’organisation du travail. C’est également la voie la plus efficace pour protéger dans leur santé et leur construction personnelle les jeunes gens qui s’intègrent dans la vie au travail.

4. Les conditions de travail, de salaire et de statut des apprentis formés en système dual doivent être urgemment revalorisées pour donner une véritable attractivité à ce type de formation. Il s’agit en particulier de réduire le temps de travail, d’accroître les vacances et d’augmenter les salaires à hauteur de la production effectivement réalisée par les apprentis. Les apprentis doivent bénéficier du temps nécessaire pour effectuer les devoirs et le travail scolaire qui doivent être réalisés à la maison.

5. La formation professionnelle dans son volet de culture générale et polytechnique comme dans celui de la culture professionnelle proprement dite doit bénéficier de pédagogies adaptées à cet enseignement et à la situation socio-scolaire de ses populations. En particulier les effectifs doivent être limités à 18 élèves par classe, autant en CFC qu’en MP.

6. La formation professionnelle doit s’orienter vers une promotion rigoureuse des métiers qualifiants. Un des signes qui permet de reconnaître le métier qualifiant c’est qu’il assure un salaire minimum à l’engagement de 4’000.-Frs par mois sur 13 mois à l’année. Un métier qualifiant permet en outre de construire un parcours professionnel valorisant qui assure une progression salariale tout au long de la vie au travail.

7. Le CFC doit s’inscrire dans des filières intégrées qui construisent une progression des jeunes gens engagés dans les pré-apprentissages, leur permettant d’aboutir à des formations qualifiantes certifiées. Ces CFC doivent garantir une situation professionnelle qui permet de progresser tout au long de la vie. Les filières intégrées doivent prendre également en charge lavalidation des acquis et de l’expérience (VAE) pour les adultes qui veulent accéder à une certification professionnelle et au CFC.

8. Le canton doit cesser de cultiver une politique de malthusianisme culturel en matière de MP. Les pouvoirs publics doivent la promouvoir systématiquement et maintenir les passerelles entre celle-ci et les hautes écoles ou universités de telle manière que dans les dix prochaines années la moitié des effectifs apprentis suive cette formation.

9. Nous appelons à la défense des métiers, au maintien de leur qualité et de leur envergure, à la conservation et à la promotion des savoirs disciplinaires professionnels. Nous luttons et nous nous battrons avec une particulière détermination contre les stratégies et les démarches qui veulent les dégrader, affaiblissant ainsi la culture professionnelle et précarisant la position des salariés sur le marché du travail.

10. Il est urgent de construire un pôle public de formation professionnelle qui assure le développement des écoles des métiers et le renforcement des écoles professionnelles publiques liées à la formation duale, notamment par le développement de la formation en matière de pratique des métiers et de maîtrise des actes de travail. L’enseignement professionnel est primordial pour ce pays et pour sa jeunesse. Il mérite un projet rigoureux, porteur d’espoir, de sécurité sociale et d’émancipation. Comme toute l’école, l’école professionnelle publique est un bien commun qui ne saurait être soumis au monde économique dans ses objectifs, dans ses valeurs et dans ses modes de gestion.

SVMEP, Lausanne, le 4 septembre 2011